PRUDENCE PHOTOS SUR LE NET

Publié le par Mbeley

Sur la page d'accueil du WEB ce 12 juin 2012, on lit l'article suivant :

Les dangers de la reconnaissance du visage

Les Echos - 12/06/2012
par JACQUES HENNO

Deux cent cinquante millions de nouvelles photos sont publiées chaque jour sur Facebook. Publiées et, de plus en plus souvent, identifiées grâce aux « tags » que remplissent les auteurs des clichés ou leurs amis.

Deux cent cinquante millions de nouvelles photos sont publiées chaque jour sur Facebook. Publiées et, de plus en plus souvent, identifiées grâce aux « tags » que remplissent les auteurs des clichés ou leurs amis. Ces tags sont également présents sur Google+, mais aussi sur les sites de partage de photos comme Flickr ou Picasa. Un loisir inoffensif ? Pas forcément. Car ces images sont autant de petites fiches biométriques laissées dans le cyberespace - la reconnaissance faciale est considérée par la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) comme un traitement biométrique. Et le phénomène commence à titiller l'imagination des ingénieurs.

Par exemple, la start-up israélienne Face.com propose une application, Klik, qui analyse les clichés publiés par nous-mêmes ou nos amis sur Facebook pour reconnaître automatiquement ceux que nous sommes en train de photographier avec notre iPhone. Une autre entreprise, Viewdle, basée dans la Silicon Valley, a même lancé il y a un an et demi une application Android capable de reconnaître directement les personnes sur notre smartphone. « Le logiciel se débrouille tout seul à partir du moment où vous avez tagué le même ami dans deux ou trois clichés pris avec votre téléphone » , explique Jason Mitura, président de Viewdle. Les outils de Face.com et de Viewdle commencent à être utilisés par des développeurs extérieurs, pour des applications très diverses : reconnaître un salarié qui pointe à son travail, s'assurer que rien d'obscène n'est montré lors d'une discussion en direct sur Internet...

 

Obstacles juridiques

 

Cela pourrait donner de mauvaises idées à certains. SceneTap, une start-up de Chicago, installe des caméras dans des bars, restaurants, discothèques et autres magasins pour repérer les visages et les ranger par sexe et classes d'âges. La perspective qu'un jour SceneTap puisse croiser ses images avec les technologies de Face.com ou Viewdle pour identifier les clients d'un magasin, et créer ainsi un puissant outil marketing, fait froid dans le dos. Quelques obstacles techniques et juridiques restent à lever, mais il n'y a rien d'impossible. « Des expérimentations ont déjà été menées pour mettre au point des systèmes de surveillance qui scannent par exemple les supporters présents dans les gradins afin de repérer ceux qui sont interdits de stade » , constate Gwendal Le Grand, chef du service de l'expertise informatique à la CNIL.

Ces quelques exemples montrent à quel point il est devenu urgent de protéger les photos que nous publions sur Internet. « Je trouve incroyable que des personnes postent sur le Web des photos compromettantes d'eux-mêmes en se disant : ''Ce n'est pas grave, mon nom n'est pas associé à ce cliché'' , s'inquiète Albéric Guigou, cofondateur de Reputation Squad, une agence spécialisée dans la notoriété en ligne. Mais elles ignorent les progrès de la technologie et pourraient, plus tard, se retrouver explicitement identifiées - taguées. »

 

Education et droit

 

Il devient donc indispensable de protéger notre « identité photographique », ce qui passe à la fois par l'éducation, le droit et la technique. « Les familles devraient prendre l'habitude d'échanger autour des images insiste Serge Tisseron, psychiatre. Par exemple, si les parents regardaient les photos qu'ils prennent de leurs enfants avec eux et demandaient si ''on les garde ou on les jette'', ces filles et ces garçons prendraient certainement mieux conscience de l'importance du droit à l'image. » Plus tard, ces enfants auront peut-être le réflexe de bien paramétrer leurs profils sur Facebook et de demander à leurs copains de supprimer des clichés où ils apparaissent dans un contexte peu flatteur.

Juridiquement, il est en effet tout à fait possible de demander le retrait de toute photo de nous qui ne nous plaît pas. « Une image où une personne est identifiable est une donnée à caractère personnel , précise Gwendal Le Grand. Vous disposez donc d'un droit d'opposition. » Dans les faits, si vous repérez sur Facebook une photo de vous-même qui vous pose problème, vous pouvez demander à l'ami qui l'a postée de la retirer. En cas de refus de sa part, vous pouvez signaler ce cliché auprès de Facebook ou porter plainte auprès de la CNIL.

Pour ne pas en arriver là, et si vous possédez un iPhone, vous pouvez installer l'application SnapChat, qui empêchera vos photos de se retrouver publiées sans votre accord ici ou là. « Lorsque vous enverrez une photo prise avec votre smartphone à un ami équipé également de notre application, votre cliché s'autodétruira au bout de 10 secondes maximum », précise Evan Spiegel, étudiant à Stanford et cofondateur de SnapChat. Vous serez même prévenu si votre interlocuteur a fait une saisie d'écran de la photo ! »

« La solution est bien dans l'esprit du ''privacy by design'' - le respect de la vie privée dès la conception des technologies -, une notion qui devrait être introduite dans le prochain règlement européen sur la protection des données personnelles , explique Daniel Le Métayer, directeur de recherche à l'Institut national de recherche en informatique et en automatique (Inria). Autre exemple, dans le cas d'un système vidéo qui analyse la fréquentation d'un bar, les images pourraient être détruites immédiatement après l'application du logiciel d'analyse. » Reste à faire confiance au propriétaire de ce système !

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